Le debut de la fin

Dans la blancheur opaque du brouillard régnait un silence presque total, palpable, qui réussirait à porter sur les nerfs d'un pécheur tranquille .Un silence qui s'estompa lentement, devenant plus supportable à des oreilles citadines, lorsque des pas feutrés se firent entendre, pour peu qu'il y ait quelqu'un pour tendre l'oreille .Sectionnant le brouillard, une silhouette humain s'y avançait, tout droit, sans hésitation apparente .Les voluptes de brume glissaient sur la cape de l'homme, y déposant, comme sur son masque, une humidité légère .

V s'arréta, d'un coup, et le silence revint, seulement troublé par une respiration légère .Il leva lentement la main droite, comme pour palper le brouillard .Sous son masque éternellement souriant, il réfléchissait, de cette pensée qui l'habitait depuis plus d'un an .De cette pensée qui couvait chez d'innombrables êtres, toujours pour une raison différente .Pourquoi ?Pourquoi était-il revenu, alors que sa période s'achevait ?V ramena sa main droite, et la porta sur son torse, aux multiples endroits où, il s'en souvenait, les balles avaient creusés leurs sillons .

Il fixa la brume, et à travers elle, l'inconnu .Cet endroit était dangeureux, mais il était celui qui lui rappellais le mieux le sentiment qu'il avait ressenti lorsque les brumes de l'inconscience et de la certitude de la mort l'avaient envahi .Il se souvenait de la pleinitude du travail accompli, le sentiment de pouvoir sans regret quitter la scène .

Mais il s'était retrouvé içi, dans ce monde empli d'un vice pire que celui qu'il avait quitté, et sans savoir pourquoi .V se demanda si il était capable, cette fois, de triompher de la pourriture suintante qui régnais sur cette ville .

De la fente qui représentait la bouche du masque sortit un soupir .Peu importe, après tout .Comme on dit, l'important, c'est de participer .

Le gris qui l'entourait et l'enveloppait se condensait sur son masque en fines gouttelettes qui perlaient tel de la sueur.
Les plaines semblaient calmes en cette matinée. Des nuages noirs couvraient le ciel, ainsi la luminosité du soleil n'étais pas plus forte que celle d'un lampadaire. La pénombre avait une certaines douceur, on distinguait bien les différents objets, mais les couleurs étaient grisées, un peu comme à l'instant ou le soleil vient de se coucher, avant la nuit mais après le crépuscule.
Pourtant le soleil était haut dans le ciel, V pouvait le voir a la lueur lumineuse qui se cachait derrière les nuages. Quel monde triste.

Une nouvelle touche lumineuse vient s'ajouter au paysage, loin derrière lui, une forte lumière bougeait de droite a gauche, comme une lampe torche portée par un homme avançant rapidement. Les rencontres en dehors de la ville sont rarement bonnes, fallait-il couper court ?

(arf, je comptait la faire la comparaison condensation/sueur ^^)

V sortit de sa rêverie .Il ramena ses bras à l'intèrieur de la cape, observant la lueur qui se rapprochait .Il avait ainsi l'air d'une statue, un pilier, immobile, composé du bloc noir de sa cape, de son masque et de son chapeau .Ses mains étaient hors de tout regard, ce qui empéchait un observateur extèrieur de se rendre compte qu'il avait la main droite sur le manche d'un de ses poignards de ceinture .Si l'homme, ou la chose, cherchait le combat, il trouverais du répondant .Et si il comptait passer son chemin, ce n'était pas V qui allait l'en empécher .

En s'approchant, la lumière se divisa en deux, puis en trois. Ce fut finalement cinq hommes qui arrivèrent à quelques dizaines de mètres de V. Par inadvertance, l'un d'eux balaya de sa lampe une direction pour laquelle il n'avait nul intérêt. Pourtant ce geste révéla au groupe la présence de V. Ils le prirent d'abord pour une statue, mais comble de malchance, ces hommes connaissaient les lieux, et une telle statue était bien suspecte.

"Qui vive !?" Braya l'un d'eux, un homme de constitution moyenne, et aux cheveux noirs mi-longs. Le seule dans le groupe à porter une épée.

Les autres personnes avaient déjà brandi et braqué leurs diverses armes à feu en direction de la statue factice.

V releva légèrement la tête, détaillant l'homme .Une bouffée d'air passa à travers la bouche de son masque alors qu'il répondait :

"Qui ?Qui n'est autre que la forme résumé de qu'est-ce que .Et ce que je suis, c'est un homme sous un masque .Je ne crois pas, d'ailleurs, que dans cette ville, l'identité d'un homme soit très importante .Ce qui compte, c'est ce qu'il est capable de faire de quels sont ses intentions .

Je n'ai pas, si cela peut vous rassurer d'une quelquonque façon, d'intentions de vous nuire .Du moins, pas pour l'instant ."

Il demanda :

"Puis-je savoir ce que cinq hommes armés viennent faire en ces lieux ?"

Un des hommes qui braquaient leurs armes sur V s'approcha tout en grimaçant et aboya : "Nous prend pas pour des cons ! Philosophe de mes deux !"

Le bretteur, plus calme regarda V d'un air mystérieusement amusé alors que les trois derniers personnages restaient septiques. L'un de ces trois baissa son arme et se rapprocha de V. Alors qu'il avançait l'épéiste et le nerveux se reculèrent. L'homme, noir de peau, et postant une longue veste de cuir, faisait bien deux mètres de haut et portait une énorme épée dans le dos, en plus de deux armes à feu inconnues et de taille conséquentes à la ceinture. Il éclaira le visage de V de sa lampe et lui lança :

"Je préfère discuter avec quelqu'un a visage découvert. Enlève ce masque et nous parlerons." L'homme était beaucoup plus calme que son ami, et sa voix laissait ressentir toute l'assurance qu'il possédait.

V dit d'une voix qui semblait amusée :

"Vraiment ?Quand à moi, je préfère vivre dans un monde idéal en paix, la nature humaine purgée de ses vices .On dirait que c'est bien mal parti, non ? Tout n'est pas toujours comme on le voudrait .On peut s'en accomoder, ou bien s'y opposer .Mais quoi que l'on décide, il faut peser les conséquences ."

Sa voix se fit plus tranchante, net :

"Je n'enlèverais pas ce masque ."

Ce n'était pas dit d'un ton agressif ou peremptoire .Non, c'était tout simplement un fait, presque une constatation .

Un rire étouffé venant d'un des deux hommes derrière tentait de ne pas se faire remarquer, mais le silence qui pesait à cet instant précis le trahis. Le medievo rigola silencieusement à son tour, alors que l'agressif trépignait de colère. Le leader du groupe fit claquer sa langue, laissant échapper un "tant pis."

L'épéiste dit alors à son collègue "Du calme Vlad, garde ton energie pour nos autres rencontres."
L'homme qui s'appelait Vlad et qui semblait si instable, était fort imposant en vérité. Il devait mesurer dans les 1m90, chauve mis a part quelques cheveux noirs au dessus des oreilles et à l'arrière du crane, il portait une longue et fine moustache en vrille lui donnant un air de soviet. Son menton carré allait parfaitement avec ses arcades sourcilières surdéveloppées dans une caricature de la brute bête et méchante. Il portait une chemise blanche de serveur avec une veste en débardeur, sous laquelle dépassait des bretelles en cuir pour pistolet. Une dernière touche qui portait tout de même un plus au personnage : Des gants en cuir noir, on aurait dit un tueur professionnel.

Le bretteur, était un tout autre personnage. Il était plus petit et plus fin, mais sa musculature était bien plus apparente. Pas de gros biceps comme Vlad, mais plutôt quelque chose que l'on obtient qu'avec un très long entrainement. Il portait une veste-polo débardeur bleu foncé avec de la fausse fourrure au niveau du col et des épaules, ouverte au centre ce qui laissait aisemment voir ses abdos développés. Il ne portait qu'une épée à la main, et son fourreau à la ceinture.

Les deux autres personnes étaient encore voilées par la forte lumière de leurs lampes.

"Si tu ne veux pas coopérer, alors tu n'es pas en droit de nous poser des questions" dit le leader.

V eut un petit rire amusé :

"Bien sur que si, j'ai le droit de vous poser des questions .Et vous pouvez parfaitement faire de même .Je pense que vous serez d'accord avec moi sur le fait que le plus important, c'est plutôt si vous voulez y répondre ."

la main droite de V sorti du bloc de sa cape, sans prévenir, mais ne fit pas de gestes menacants .Il se contenta de faire glisser sa main ganté sur sa joue gauche .Il était difficile de savoir si il palapait son masque ou si c'était un geste normal de discution comme tout un chacun, comme si c'était sa véritable peau :

"Pourquoi voudriez-vous que j'enlève ce masque ?Mon visage reflète-t'il mes idées, mes convictions ?Mon visage est il de près ou de loin lié à ma personnalité ? Non, mon vrai visage, celui qui montre mon identité, le voiçi .Il ne me servirait à rien de vous voir dénudés, alors qu'un examen de votre équipement me donne des informations sur vous ."

Il rabaissa sa main et la rangea sous sa cape, où elle était à nouveau soustrait au regard des hommes .Il continua, plus bas :

"On peut certes changer de vètement pour tromper les autres et se tromper soi-même, mais l'on abaisse pas une bannière, pas plus que l'on ne peut briser son reflet ."

Le bretteur prit la parole :

" C'est par le regard d'un homme que l'on peut juger de la pureté de ses sentiments et de ses convictions. Il est certain que votre visage ne nous dira rien sur le fond de votre pensée. Et c'est pourquoi vous nous demandez de nous satisfaire de la vision de votre masque. Mais comment pourrions nous juger vos mots dans ces conditions. Nous ne sommes même pas surs de ne pas vous connaitre. Bien que mon intuition me dise que vous n'êtes pas un danger pour nous, la prudence reste une obligation. On peu changer de masque aisément, pas de visage. "

Vlad lança alors d'une voix rauque : " On a pas le temps ! Moi je dis on l'assomme et on continue !! Kerne !! "

Le leader qui répondait au nom de Kerne prenait un air sérieux alors qu'il réfléchissait. Ces deux là étaient encore en train de se disputer.

V répondit à l'épeiste :

"Non, par le regard on ne peut juger que la nervosité .On peut parfois en déduire certaines choses, mais on peut s'y tromper et être trompé .Je pourrais certes être une de vos connaissances .En mal, je suppose, sinon je dévoilerais mon visage .Et bien, pour cela, vous ne pourriez jamais en être certain .Mais je ne change pas mon masque, pour la raison qu'il est, pour moi, ce qui se rapproche le plus de ce que devrait être un visage : un témoignage de ses convictions ."

L'homme masqué se tourna vers celui qui semblait diriger le groupe, et lui dit, d'un ton poli, comme si l'affaire ne le concernait pas vraiment :

"Si je puis me permettre, tenter de m'assomer serait une idée assez mauvaise, et passablement irréfléchie .Je n'ai certes pas la prétention de penser pouvoir vous affronter tous les 5 sans m'en sortir indemne, et même, pour tous vous dire, vivant .Mais si je suis dans l'obligation de combattre, j'ai l'immodestie de penser que j'arriverais à terrasser un, voir deux ou trois, d'entre vous avant de devoir tirer mon salut de la scène .Je crois que vous conviendriez que cette situation serait déplaisante pour chacun d'entre nous ."

Vlad claqua sa langue contre son palais pour montrer sa désapprobation. Kerne, lui, semblait prendre au sérieux les paroles de V, et il dit lança alors : " Tu parles comme un sage, mais les mots ne peuvent pas résoudre toutes les situations. Quoi que tu dises, on pourra jamais te faire confiance. Dans ces conditions, l'affrontement est inévitable au vu de notre mission. "

Vlad eut soudain un air satisfait. Il dégaina son magnum et le pointa en direction de V tout en ricanant gravement.

Kerne reprit alors la parole : " Il y a une autre solution ! Tes armes ! Donnes nous tes armes. Si tu nous fais confiance, on fera pareil. "

Vlad rabaissa son arme en lâchant un soupir. Apparemment la manière diplomatique n'était pas son fort.

Lorsque Kerne annonça le combat et que Vlad braqua son arme, il eu un léger ondulement dans la cape de V, au niveau où se situaient ses mains .Il cessa aussitôt aux paroles de Kerne .L'homme masqué pencha légèrement la tête sur le coté :

"Intérréssant .Vous ne pourriez pas simplement passer votre chemin ? Non, bien sur, je pourrais être un espion, un fourbe qui vous attaquerais ensuite par surprise, ou que sais-je encore ce que votre cerveau méfiant imagine ."

Ses yeux, cachés par le masque, se fixèrent sur le chef du groupe :

"Dans ce cas, vous dites que vous ne pouvez pas me faire confiance, mais vous me demandez de vous faire confiance, alors que je n'ai pas plus de renseignements sur vous que vous sur moi ? Excusez-moi, mais croyez-vous qu'il soit pertinent de confier sa vie à cinq inconnus, armés jusqu'au dents, et dont l'un de membres- Il désigna Vlad d'un signe de tête- se réjoui à l'idée d'oter une vie ?"

V continua :

"Et puis, même cela ne serais pas suffisant .Je pourrais cacher des armes .Ou maitriser la magie, ou être une monstruosité polymorphe, un vampire, ou que sais-je encore ?Si l'on part de là, on ne peut jamais faire totalement confiance à l'autre, et il est possible qu'il y ait un traitre parmi vous, ou une créature ayant pris l'identité de l'un d'entre vous .Ca reste du domaine du possible, et pourtant, il faut bien accorder sa confiance à autrui ."

V bougea son pied gauche, qu'il avança légèrement, pour une position légèrement différente :

"Si vous cherchez le combat, je suis prêt .Mais, je me permet d'insister encore une fois dessus, ce serait une idiotie absurde .Nous avons sans doute bien mieux à faire, chacun, que de nous entretuer sans aucune raison .Il me serait extrèmement déplaisant, quand bien même je m'en tirerais, d'avoir tué des personnes qui n'avait pour seul défaut que d'être trop agressif ."

Kerne plissa des yeux comme s'il essayait de voir au travers du masque de V. On aurait dit qu'il y parvenait, et V sentait son regard le fixer droit dans les yeux.

" Tu n'es pas d'ici n'est-ce pas ? Cette partie des plaines, d'ici jusqu'à là bas, fit il en pointant l'horizon d'un grand mouvement de bras, est sous le territoire d'un être que l'on nomme le seigneur des ombres. Le nom n'est pas très original, mais c'est sans doute le seul qu'on puisse lui donner. Regardes à tes pieds. "

Le sol était entièrement recouvert d'une espèce de brume noircie, on ne voyait plus rien en dessous de nos mollets. La substance gazeuse ondulait, humide et glaciale, et remontait parfois même jusqu'aux genoux comme essayant de nous absorber en elle.

" Il est clair que ce terrain favorise notre ennemis, et sa base n'est pas loin d'ici. Beaucoup de sentinelles rodent dans les environs. Et notre arrivée n'est surement pas passée inaperçue dit-il en agitant une lampe torche éteinte. Il est déjà rare de croiser des voyageurs en dehors de Naggaroth, alors... " Kerne s'arrêta subitement de parler tout en levant le bras poing fermé. D'un petit mouvement il indiqua une direction. Vlad et un autre homme partirent inspecter les lieux.

" Nous avons trop trainé ici... "

V tourna la tête vers la direction où progressait les deux hommes, puis se retourna à nouveau vers Kerne .Il décolla le talon et bougea un peu le pied dans la 'mélasse' noire, comme pour tester sa densité .Il repris avec une voix amusée :

"En vérité, tout ceci est assez effrayant .Le seigneur des ombres, hein ?"

V sortis sa main gauche de sous le rideau de tissu noir, et la porta à son menton .Il semblait réfléchir et se mis à parler, presque pour lui à vrai dire :

"Et vous comptez...le tuer ? Le rejoindre ?ou alors ceci n'est qu'un raid, et la confrontation avec le maitre des lieux n'est pas recherché .hummm...Beaucoup de suppositions .La première me semble plus vraisemblable .Le pourquoi ? Hummm...Des mercenaires, peut-être .Oui, c'est plausible ."

Il releva un peu la tête vers Kerne, dont le sèrieux qu'il affichait, sans doute avec raison, contrastait avec le masque énternellement souriant et la voix amusé de V .Il lui demanda, presque avec dérision :

"Vous en pensez quoi, vous ?"